Podcast n°2 – Des lasers au cœur de la fusion
Ils sont au cœur de la recherche. Leurs travaux oscillent entre la physique fondamentale et l’optique. En nous accueillant dans leurs laboratoires, ces chercheurs nous montrent certains des échantillons sur lesquels ils ont travaillé pour qu’ils puissent être photographiés. Phénomènes étranges et intrigants à la beauté singulière, le podcast revient brièvement sur la physique qui se cache derrière l’image.
Pour la seconde photographie de cette série « Des lasers au cœur de la fusion », Catherine Le Blanc a souhaité me montrer un de ses grands barreaux de verre contenant du néodyme qui sont utilisés pour amplifier la lumière. Le sortant de l’un de ses placards, elle le posa sur le bureau et je l’ai regardé attentivement. Son contour était dépoli et granuleux. Il ne laissait que très peu passer la lumière des lampes qui nous éclairaient dans le bureau. A l’inverse, les deux faces étaient relativement transparentes et il était ainsi possible de regarder à travers ce long tube de verre. Quelques irrégularités étaient néanmoins présentes, semblables à des craquelures hasardeuses. Elles parsemaient l’ensemble de la face de leurs déchirures aléatoires. Elles me rappelaient, sans pour autant en être, l’aspect laiteux des immenses galaxies. Cette face écorchée m’intrigua et dans le noir, je me suis attaché à en faire ressortir l’étrangeté. Une lumière éclairait la face arrière et venait se diffuser sur les écorchures de la seconde face que je regardais. Plus je l’éclairais, plus le contraste de ces fissures singulières ressortait. Diverses images ont été prises et il fut difficile de n’en choisir qu’une seule pour la présenter.
Constatant que ces déchirures m’intriguaient, Catherine Le Blanc voulut m’expliquer d’où elles venaient. Lorsqu’une lumière est absorbée par le néodyme, une partie de l’énergie qui la compose est dissipée dans le verre sous forme de chaleur. La température monte rapidement. Pour des impulsions dont on souhaite fortement augmenter l’énergie, l’élévation de température est importante et si rien n’est fait, il est même possible de casser le barreau de verre dopé au néodyme. Pour cette raison, les barreaux sont refroidis avec de l’eau pour évacuer l’excédent de chaleur. Mais les verres utilisés ont tendance à s’oxyder au contact de l’eau, pour former ces étranges craquelures que j’avais prises en photo. Loin d’être dus au hasard, ces filaments hasardeux pouvaient en réalité être expliqués par la nécessité de refroidir ces verres pour produire des impulsions de fortes énergies. Je les regardais donc avec autant plus d’étonnement.
Une réalisation Art in physics, sur la base des travaux de Catherine Le Blanc, textes librement inspirés des prises de vues et des photographies d’Hippolyte Dupont.
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Pour en savoir plus
Pour comprendre ce qu’est la couleur, Qu’est-ce que la couleur ? Science étonnante
Pour comprendre la fluorescence, La fluorescence expliquée avec mes étagères, Julien Bobroff
Pour comprendre le principe que laser : Un laser avec des clémentines, Julien Bobroff
Pour avoir une plus grande explication sur les lasers : Laser, C’est pas sorcier