Podcast n°2 – A la découverte de la croissance cristalline 

Ils sont au cœur de la recherche. Leurs travaux oscillent entre la physique fondamentale et l’optique. En nous accueillant dans leur laboratoire, ces chercheurs nous montrent certains des échantillons sur lesquels ils ont travaillé pour qu’ils puissent être photographiés. Phénomènes  étranges et intrigants à la beauté singulière, le podcast revient brièvement sur la physique qui se cache derrière l’image. 

Pour la seconde photographie de cette série « À la découverte de la croissance cristalline », j’ai eu la chance de rencontrer Daniel Rytz, qui, avec son entreprise Brevalor, fabrique des cristaux persistants capables de stocker l’énergie lumineuse  avant de la restituer sous forme d’une douce lumière verte pendant plusieurs heures. Lorsque je l’ai retrouvé, il transportait une mallette contenant une incroyable variété de cristaux, que j’ai pris plaisir à photographier sous toutes leurs formes. En somme, c’était une mine à photographies potentielles. Parmi ces matériaux, certains étaient persistants, d’autres non. L’un d’eux a particulièrement retenu mon attention dans le cadre de cette série sur la croissance cristalline que je commençais à imaginer.

Il s’agissait d’une étrange pyramide rouge. L’un de ses côtés était parfaitement lisse, tandis que les autres arboraient des ondulations délicates, offrant à l’objectif des contrastes fascinants. Son sommet était légèrement aplati. Il détonnait par son côté difforme avec le reste de la géométrie régulière du cristal Intrigué, j’ai écouté Daniel m’expliquer qu’il s’agissait d’un double tungstate, composé d’ions potassium et europium, fabriqué de manière similaire au cristal que j’avais observé un peu plus tôt. Cependant, il souligna que l’organisation des ions au sein de la maille élémentaire du tungstate différait considérablement de celle du précédent cristal, ce qui influençait directement la forme finale visible à l’œil nu.

Daniel précisa également que les cristaux, qu’ils soient artificiels ou naturels, peuvent adopter des formes géométriques surprenantes – carrés, hexagones ou même pyramidales  – en fonction de la disposition des atomes dans leur maille élémentaire. Cette pyramide rouge n’était donc qu’un exemple parmi d’autres des immenses possibilités d’organisation géométrique des cristaux. Les collections muséales des Mines de Paris ou du Muséum d’Histoire Naturelle, m’assura-t-il, regorgent d’ailleurs de cristaux naturels aux formes tout aussi atypiques.

Mais contrairement à ces matériaux naturels, ce cristal avait une autre particularité et Daniel souhaitait me la montrer. Il alluma une lampe bleue et la pyramide émit une légère lueur orangée en retour. Daniel m’expliqua que ce phénomène était dû à la présence d’ions terres rares, en l’occurrence de l’europium, qu’il avait intégrés au matériau. Ces ions absorbent la lumière bleue avant de la réémettre sous forme d’une fluorescence subtilement rouge orangée. Cette lumière révéla encore davantage les détails uniques de la forme du cristal, enrichissant les compositions photographiques que je cherchais à construire.

Une réalisation Art in physics, sur la base des recherches de Daniel Rytz, textes librement inspirés des prises de vues et des photographies d’Hippolyte Dupont.


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Pour en savoir plus :

Pour comprendre l’organisation des cristaux :

Les cristaux : des édifices ordonnés – Enseignement Scientifique – Première” NOVELCLASS

Pour voir comment fonctionne la fluorescence :

La fluorescence expliquée avec mes étagères, Julien Bobroff